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Prison de Floriane ou le vertige du retour au bled! La diaspora burundaise serait-elle condamnée à l’exil ?


Les Burundais de la diaspora ont peur. Oui, nous avons tous peur et notre peur est fondée. La peur de rentrer au pays natal et se voir arrêté pour rien. Ceci n’est pas un appel, c’est un cri de désespoir, c’est le cri du gladiateur qui, avant d’entrer dans l’arène, ouvre grandement sa bouche et ses yeux en toisant « Neva », comme au temps des Romains, « Ave, Neva, morituri te salutant » ( Salut Neva , ceux qui vont mourir te saluent).Elle s’appelle Floriane Irangabiye, elle n’a que 34 ans, dans la fleur de l’âge et elle risque d’y laisser sa jeunesse et sa naïveté, elle qui, en retrouvant sa terre natale, croyait ne recevoir que des embrassades et accolades . Accolades ? Elle en a eues mais d’un tout autre genre, les menottes. Qu’a-t-elle fait pour mériter cette extrême souffrance ?Car Floriane que j’appelle si affectueusement Flory est enfermée pour 10 ans, elle risque de n’en sortir qu’à 44 ans. Et lorsqu’elle en sortira elle n’aura peut-être plus le temps biologique du bébé. Pourquoi Floriane est-elle en prison au juste ? Pour avoir été journaliste ou parce que sa gueule ne plait pas à une certaine organisation ou autorité ? De quelle autorité s’agit-il ? Nous ne sommes ni avocats ni juges mais nous ne pouvons accepter l’inacceptable, l’idée qu’une innocente perde sa liberté, nous plaidons pour une jeune femme innocente qui croupit en prison, comme il y en a hélas des milliers au Burundi derrière les barreaux pour je ne sais quelle raison. Faut-il que nous soyons tous esclaves que Flory soit libre ? Et si l’emprisonnement de Floriane était un des nombreux croc-en-jambe que certaines personnalités politiques et autres juges ne cessent de tendre au régime du président Ndayishimiye ! 

Floriane n’a, ni dévalisé une banque, ni mal géré l’Onatel, ni thésaurisé les billets de 5.000 et 10.000 BIF, ni touché à un cheveu de qui que ce soit au Burundi, ou au Rwanda où elle coulait des jours heureux avant même 2015, ni ailleurs dans le monde. Et pourtant elle est en prison et vient d’être condamnée en appel par une justice inique à 10 ans de prison pour, tenez-vous bien « atteinte à l’intégrité du territoire national ”. Floriane n’avait aucune arme, pas de casier judiciaire, rien ! Lorsque les membres de la diaspora burundaise au Rwanda, en Belgique et ailleurs ont eu nouvelle de cette mauvaise nouvelle, leurs oreilles ont sifflé . Certains parmi les Burundaises et Burundais que nous avons rencontrés ont même juré au nom de Zeus et tous les dieux grecs et romains réunis au panthéon de la justice qu’ils ne mettront plus jamais le pied sur les berges du Lac Tanganyika ou à Bwambarangwe dans cette république qui sacrifie les siens . Ils ont même décidé d’arrêter leurs investissements commencés déjà depuis quelques années! Ils n’ont plus confiance en l’avenir, leur avenir au pays qui les a vu naitre. Et pourtant ils n’ont aucune dent contre le Burundi. ! Et pourtant ils adorent leur pays! Et pourtant ils chérissent le peuple Burundais, ce peuple tant meurtri pas tous les régimes politiques qui se sont succédés dans ce magma de haine et de justice inique. Mais quel gâchis! 


Quand est-ce que la justice burundaise finira de baver ? 


Il y a quelques années l’ancien président de la République Mr. Sylvestre Ntibantunganya, alors président intérimaire du Burundi au moment où le pays crachait sa haine, affirmait sans ambage « Ubutungane bwo mu Burundi buracira inkonda » !( La justice burundaise est incompétente, elle bave ). Mal lui en a pris ! Toute la classe Burundaise et surtout les milieux tutsi ont alors eu vent debout et crié à la trahison. Et pourtant notre cher Président non encore « Bwite » ( non investi) comme il aimait le dire, avait raison sur toute la ligne et l’histoire est là pour nous le prouver. Depuis la période des indépendances, la mort de Rwagasore, l’assassinat de Melchior Ndadaye, les crises de 2 


1965 et 1972, la justice burundaise n’a fait que baver et sans arrêt, pourquoi devrait-elle arrêter maintenant ? Et la paisible et innocente population burundaise continue, échine courbée, à vaquer à ses pénibles activités! Les Burundais se sont accommodés au chaos et s’en amusent parfois. À penser bien qu’ils l’adorent. Eh oui, lorsqu’une guerre commence et dure quelques heures ou quelques jours c’est une vraie catastrophe, mais lorsqu’elle dure des années, elle devient un statut et tout le monde l’accepte comme étant la nouvelle norme, et c’est cela le drame. Regardez les populations palestiniennes, irakiennes ou afghanes, qui de leurs vies respectives n’ont jamais connu la paix et la tranquillité ? Elles ne connaissent que la guerre, elles ne peuvent aucunement accepter la paix, elles ne savent pas ce que c’est la paix ! C’est comme un sans-abris ou SDF ( sans domicile fixe), vous le mettez dans un hôtel 4 étoiles, il le fuit en courant pour dormir à la belle étoile. Le changement est trop brutal pour lui. J’ai comme une impression que la population burundaise est dans le même état d’esprit. Depuis 1960, les Burundais n’ont jamais passé plus de 11 ans sans connaitre un coup d’État militaire, à part la douloureuse parenthèse de Nkurunziza! Mais revenons-en à la justice burundaise. La justice burundaise crache le venin de l’inefficacité et la corruption et tout le monde trouve cela normal. La boite de Pandore a été ouverte, le diable en est sorti il est devenu difficile de l’y faire rentrer. Aujourd’hui, tout prouve qu’une catégorie de Burundais veut piéger le président Ndayishimiye, nous en avons la confirmation et il en est conscient lui-même. Les opposants du Président Ndayishimiye veulent ainsi se placer sur orbite pour briguer le fauteuil présidentiel, la course a déjà d’ailleurs commencé. 


Qui donc veut piéger le Président Ndayishimiye ? 


Il existe une règle non écrite en matière de gestion d’un pays ou d’une entité et même d’une entreprise selon laquelle une désorganisation, une justice corrompue et incompétente, une gestion calamiteuse n’aident en rien le régime en place! Que les adversaires viennent des cercles rapprochés du pouvoir ou pas , le résultat est le même : l’insatisfaction des gouvernés n’en est que plus grande. Le président Ndayishimiye n’en avait vraiment pas besoin au moment où il tente une ouverture politique vers les pays voisins et le monde! Au juste à qui profite le crime ? Il est devenu évident que le chaos dans certains domaines ne peut profiter qu’à ceux qui cherchent à se placer sur l’orbite du pouvoir dans l’attente des prochaines élections présidentielles. Mais c’est une stratégie à haut risque. Peut on vraiment défier un président au pouvoir en Afrique ? Et surtout dans un régime strictement présidentiel comme le Burundi ou le chef de l’exécutif dispose de tous les pouvoirs, directement ou indirectement! Hier j’ai suivi une vieille interview de Feu l’ex président Pierre Buyoya , il affirmait que le Président Ndayishimiye a les clés pour sortir le Burundi du guet-apens de 2015! 


À quoi pensent les Burundais de la diaspora ? 


Les Burundais de la diaspora ont peur. Ils ont peur de finir derrière les barreaux dès la sortie de l’avion. Environ 570.000 Burundais sont dispersés en Afrique et dans le monde et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la majorité de ces Burundais se trouve au Rwanda, en République Démocratique du Congo , en Afrique du Sud et en Tanzanie. Pas en Europe , mois de 8.000 burundais résident actuellement en Belgique et aux Pays-Bas selon les statistiques du « Ministerie van Buitenlandse Zaken » ( Ministère des Affaires Étrangères aux Pays Bas) et son homologue belge. Dire qu’ils ont entendu la nouvelle les « diaspora » comme on les appelle familièrement au Burundi ont été secoué par l’arrestation ensuite par la condamnation de Floriane Irangabiye, leurs oreilles ont sifflé à en avoir l’acouphène. Presque tous ont juré de ne plus poser le pied au Burundi, encore moins y investir. Ils ne goutteront plus au « Mukeke » du Lac Tanganyika, ni à la sainte mousse «Royal » de la Brarudi. Quel douloureux souvenir! L’exil est toujours mal perçu, quel que soit le niveau d’aisance matérielle dans lequel on se trouve. 3 


La diaspora sert-elle encore à quelque chose au Burundi ? 

Sous d’autres cieux comme au Maroc et en Turquie, on adore les diaspora respectives à qui d’ailleurs ces deux pays interdisent de perdre la nationalité. En revanche ils défendent leurs ressortissants contre vents et marées partout dans le monde. Les migrants et les diasporas sont reconnus pour leur rôle inestimable aussi bien dans les pays d’origine que dans les pays d’adoption en raison de la richesse de leurs contributions culturelles, de la diversité de leurs voix et de leurs apports économiques aux pays dans lesquels ils vivent et dont ils sont originaires. Dans la plupart des pays africains d’expression française, certaines populations chantent toujours «Sur le pont d’Avignon , on y chante et on y danse » et n’hésitent pas à parler de leurs ancêtres « les gaulois » . « Pourvu que ça dure ! » ( Lisez “Pourvou qu'ça doure » avec l’accent corse » ), comme disait Letizia Napoléon, la mère du monarque, en parlant des victoires militaires de son fils. Mais surtout les Sénégalais, Maliens et autres Guinéens chantent à la fin du mois lorsque Western Union toque à la porte. Selon les chiffres de la Banque Mondiale, l’épargne de la diaspora, est globalement estimée à 53 milliards de dollars par an. Certains pays comme le Rwanda et l’Éthiopie l’ont parfaitement compris et font tout pour attirer leurs ressortissants et leurs pouvoirs d’achat, mais beaucoup d’autres ne font pas ce qu’il faut. Selon plusieurs observatoires de l’aide au développement dans le monde, le Burundi serait le pire élève de la classe lorsqu’il s’agit d’associer la diaspora dans le développement. Au Burundi le pays a fait le choix d’enchainer ses ressortissants. En cherchant à maltraiter les Burundais de la diaspora, le Burundi les pousse à oublier leur pays natal. Aujourd’hui beaucoup de Burundais et pas seulement les anciens militaires de la FAB (ex- Forces armées Burundaises) finissement par Kigali à tout juste une encablure de Bujumbura et y rencontrent les familles respectives et autres réfugiés qui n’osent plus rentrer. Ils financent ainsi le voyage Bujumbura -Kigali avec tout ce que ça comporte comme retombées économiques chez notre voisin du Nord : locations de maisons et voitures, consommations etc. Pourquoi le Burundi continue-t-il à appliquer cette politique complétement absurde de traumatiser ses ressortissants principalement établis au Rwanda et en Europe ? Y voyez-vous un hasard, un motif politique, un délit de faciès ou tout en même temps? Les Burundais de la diaspora seraient-ils devenus les premiers «prisonniers du monde», eux qui se voient refuser de revenir dans leurs pays natal, et en même temps accusés de «piquer le boulot» aux autochtones dans les pays d’adoption en raison de leur couleur de peau! 

Je ne sais pas si, vous, chers compatriotes, restez optimistes, mais moi j’ai peur et je ne suis pas le seul et ai en même temps la nostalgie du pays. En terme poli je dirais « ça commence à bien faire » . Je vais paraphraser les termes de l’idole de tous les Africains, le grand président Nelson Mandela lorsqu’on lui demandait s’il a eu peur pour sa vie lorsqu’il croupissait dans les geôles de Roben Island, il répondit « Il est normal d’avoir peur, mais il ne faut pas laisser cette peur vous dominer, ou vous dicter la conduite, il faut la surmonter». Tout ce dont je suis sûr est que le Président Ndayishimiye a certainement une envie de réussir, ce n’est certainement pas l’attitude de son apparatchik. 

Vers la sortie du tunnel ? 

La question qui se pose est maintenant de savoir si le Président Ndayishimiye a les moyens politiques de sortir du piège lui tendu par ses adversaires politiques libres ou en prison? La réponse est OUI , sans aucun doute ? Ceux qui pensent qu’ils peuvent défier indéfiniment un président de la République en Afrique se sont certainement trompés de lieu et de temps. Qui peut empêcher un président africain de gouverner surtout s’il est élu démocratiquement! Le Président Ndayishimiye a deux types d’ennemis : 

- Les opposants internes , militaires ou opérateurs économiques, libres ou sous les verrous, très proches de lui, mais qui se comptent sur les doigts d’une main, 


- Un petit cercle de fonctionnaires et juges qui sabotent son pouvoir . 


Tous les deux groupes ont en commun la soif du pouvoir et cherchent à se placer sur orbite . En attendant les prochaines élections. 

Ceux qui luttent en interne contre le Président ont déjà perdu la bataille, ils n’ont ni les moyens militaires, ni les moyens législatifs encore moins les moyens exécutifs pour gagner. Ceux qui sabotent l’appareil judiciaire – certains juges et magistrats véreux – sont déjà dans l’oeil du cyclone et sont en train de jouer leurs dernières cartes, ils n’ont ni les as, ni les sept, ni les reines ou rois, ni les valets et dames. Le Président Neva peut libérer Flory et moderniser l’appareil judiciaire en éliminant ses aspérités, il aura ainsi prouvé son esprit de justice, de justesse et de sagesse et aura réduit au silence les chancelleries occidentales au sein de l’Union Européenne et ouvert en même temps les vannes de la bourse. La question n’est pas de savoir si oui ou non il le fera , c’est quand il le fera.