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Inondations à Gatumba.  Et si la guerre de l’eau avait déjà commencé !

Avril 2023, pour la 3ème fois en 4 ans depuis 2016 la plaine de la Rusizi  vient de subir des inondations , plusieurs familles n’ont eu d’autre choix que de laisser derrière elles des années de dure labeur : des champs détruits, des constructions qui ne respirent que par le toit , une totale désolation pour des milliers de familles .   



Image : inondation à Gatumba , avril 2023. Des maisonettes submergées d’eau dans le quartier de Mushasha I

Source :www.iwacu-burundi.org/les-inondations-de-gatumba-ce-calvaire-qui-nen-finit-pas ( image publiée avec l’aimable autorisation du site Iwacu)

Au même moment , quelque part à Kirundo ou Muyinga au Nord du pays où se trouvent quelques-uns des lacs les plus beaux de la région et du monde (Cohoha et Rwihinda) ou même sur les confins des plateaux centraux à Matana -en province de Burunga , pour utiliser l’actuelle terminologie que personne n’utilise par ailleurs - ou même ailleurs dans certaines autres régions les gens commencent à étouffer de chaleur et la terre a soif . Nous ne sommes qu’au mois de juin. 

 Plus loin du Burundi, en Italie le ciel pleure et des trombes d’eau ont -à maintes reprises menacé d’interrompre  le Giro d’Italia , l’une des grandes fêtes du cyclisme professionnel mondial . Plus loin encore , au pays de l’oncle Sam en Floride , l’ouragan Ian n’a laissé aucun doute sur son fougueux tempérament : des morts et plusieurs destructions d’infrastructures. Mais revenons encore plus proche sur le continent noir , en Afrique , dans la corne de l’Afrique, deux pays -l’Éthiopie  et l’Égypte – menacent d’en découdre pour une histoire  de barrage hydroélectrique – le barrage de la Renaissance – qui risque de devenir le barrage de la discorde et il n y a aucun doute pour beaucoup que la guerre de l’eau aura lieu. Selon plusieurs spécialistes du climat,  le changement climatique est en marche et ce phénomène ne s’arrêtera pas de sitôt . En moins d’un miracle ! Pour le moment rien n’indique que ce miracle aura lieu.  Pour le moment la certitude est celle des faits : la plaine de la Rusizi a l’eau pleine la gueule, et ce n’est pas pour déplaire aux crocodiles qui agrandissent leur territoire. Le lac Tanganyika déborde. Et pendant ce temps , on se contente de déplacer les populations sinistrées . Mais que faire d’autres ?  Voici en peu de mots les ingrédients de la nouvelle guerre que les hommes devront mener, ce ne sera pas celle des « Himars » , mais celle de l’intelligence , de l’inventivité afin de donner à l’homme l’espace de vie et à l’eau sa place , celle des champs et des cours d’eau . La guerre de l’eau aura bien lieu , on en a les ingrédients mais on n’en connait pas encore le vainqueur. Les hommes peuvent la gagner, mais à quel prix ? Au cours de cet article je me propose de vous raconter l’histoire extraordinaire d’un petit pays de l’Europe occidentale – Les Pays-Bas – un peuple de marin et de commerçants qui a gagné une bataille sur l’eau -pas la guerre-  mais pour combien de temps encore ? Sous le règne de l’« L’Empereur Changementclimatix » la guerre n’est pas gagnée d’avance , autant dire tout de suite qu’elle fera des victimes ! Et elle continuera à faire des victimes tant que le cerveau des hommes prendra la place du ventre    

Ceci dit je souhaiterais , par cet article,  inviter mes compatriotes burundais et en particulier ceux de la Diaspora Burundaise de Belqique , à la réflexion et à la discussion en attendant l’action. Un bel exemple me vient directement à l’esprit , celui du peuple batave qui vit avec l’eau depuis des siècles. L’histoire  de la maitrise de l’eau par le peuple néerlandais vaut la peine d’être contée.

L’expérience néerlandaise  : waterschap ou  la gouvernance de l’eau 

Ce qui se passe au Burundi , dans la plaine de la Rusizi doit nous faire réfléchir. Depuis 2016 , la plaine de la Rusizi a subi une 4ème inondation . Solution : évacuer les populations. Mais que faire d’autre ? Un petit royaume du Nord de l’Europe – Les Pays Bas- a pris les devants depuis des millénaires , l’histoire de la guerre de l’eau et sur l’eau de ce peuple vaut la peine d’être contée. La politique néerlandaise en matière de gestion de l’eau est certainement une des meilleures au monde si non la meilleure . Elle est une ingénieuse combinaison de démocratie, de technologie et d’expertise.  Mais rappelons-nous d’abord ce qui vient de se passer dans la plaine de la Rusizi depuis 2016 , plusieurs zones de la mairie furent submergées par l’eau . Pour la 3e fois en quelques années , plusieurs localités  à Gatumba , à Mutimbuzi et dans la mairie de Bujumbura se sont retrouvées sous l’eau . Il semblerait que le phénomène ne soit pas nouveau .Il y a plusieurs décennies vers les années 60 , le plus grand réservoir d’eau douce du monde après le lac Baikal se serait retrouvé pas loin de l’actuelle station de radiotélévision publique la RTNB. Ceci n’est pas le signe d’un courroux de Dieu , ceci est la conséquence du changement climatique . Il n’est pas impossible que le phénomène climatique actuel se répète au cours des années et décennies à venir . Alors ,que faire ? Se contenter uniquement de pleurer en déplaçant les populations ? Ou concevoir une vraie politique visant à contenir l’eau tout en lui accordant de l’espace ? C’est ce que les Pays-Bas tentent de mettre en place depuis des millénaires et c’est ce qu’ils -bon an mal an - ont accompli , mais avec brio depuis 1958 pour ne pas voir la catastrophe de 1953 se répéter lorsqu’une brusque inondation a couté la vie a plus de 1800 personnes en une seule nuit.

Qu’est-ce qu’un waterschapp ?

Pour un simple visiteur,  les Pays-Bas sont un pays situé au nord-ouest de l'Europe et réputé pour son paysage plat composé de canaux, de champs de tulipes, de moulins à vent et de pistes cyclables . Mais les Pays-Bas sont aussi un pays hautement ingénieux parmi les plus riches de la planète si on se réfère au PIB par habitant . Appelés aussi la Hollande du nom de ses deux provinces – Zuid Holland et Noord Holland , les Pays Bas sont connus aussi de plus en plus par sa politique de tolérance légendaire . Qui n’a pas entendu parler de ces fameuses « vitrines amsterdamoises » occupées par les filles de joie ? De la légalisation du canabis que beaucoup de pays au monde commencent à copier ? . Mais les Pays-Bas sont aussi le pays des « waterschap » et ceci est moins connu des visiteurs d’une nuit. Qu’est-ce que c’est donc un waterschap ?

 Un waterschap  est une agence chargée de gérer tous les aspects de l’eau : elle veille  à la propreté de l'eau dans les fossés, les rivières, les lacs et les ruisseaux. Et tout le monde est invité à y faire face tous les jours . Un certain nombre de Burundais s’est d’ailleurs déjà noyé , pas seulement dans les verres de la sainte mousse de la grande  multinationale dont on trouve une de ses grandes brasseries à Zoetermeer (Heineken)mais aussi les fameux canaux fluviaux qu’on trouve partout  dans le pays . Il faut dire ici qu’on a intérêt à apprendre à nager, l’eau est partout. Une grande partie du territoire est située au niveau de la mer et parfois en dessous. 

Les agences de l'eau ou  waterschap ont pour rôle de nettoyer les eaux , elles en  mesurent et contrôlent également la qualité . Elles fauchent les berges et draguent les fossés pour que l'eau ne devienne pas trop trouble et continue à couler. Et bien sûr, elles  font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les polluants de pénétrer dans l'eau. Le principe est « ce qui n'entre pas dans l'eau ne doit pas en sortir » .  

Au nombre de 21 pour un territoire de 41.850 km2 de superficie, les waterschap coûtent annuellement environ 3,5 milliards d’euro  en 2022 aux 8,1 millions de familles établies sur le territoire néerlandais(sur un total de 17,5 millions d’âmes ) et chaque famille y contribuait pour  environ 400 euros d’impôts par an au mois de janvier 2023.

Un waterschap est une organisation unique en son genre , c’est une subtile structure aux allures étatiques ou paraétatiques mais dont les organes dirigeants sont mis en place désormais via des élections démocratiques. Ceci fait de ces agences de gestion de l’eau des organisations respectées par tous. La première agence de gestion de l’eau remonte à 1225 .

Naissance et évolution des Waterschap 

Les Pays-Bas ont été façonnés par l'eau . Au fil des siècles, Nederland – Les Pays-Bas en français – se sont  adaptés aux caprices de l'eau, la bonne gestion de l'eau, lui a permis de garder les pieds au sec, ceci lui permet d’avoir de l’eau propre et malgré la présence de l’eau partout il n'y a ni trop ni trop peu, des milliers de canaux creusés au cours des décennies font en sorte que l’eau est régulièrement repartie sur pratiquement l’ensemble du territoire du royaume de Wilhem Alexander, fils de la désormais princesse Béatrix et du Feu prince Klaus.

L’An 1225 : le comte Guillaume II de Hollande crée le Hoogheemraadschap van Rijnland à Leyde(Leiden) : la première régie des eaux des Pays-Bas. Cette régie existe encore aujourd'hui. À la fin du XVIe siècle, les mesures de longitude et de surface utilisées dans le Rijnland ont servi de référence pour une grande partie des Pays-Bas ? 

1407 : Le temps des polder 

À la fin du sixième siècle, les habitants de la Zélande – une des provinces des Pays Bas - vivaient sur les terrains les plus élevés : les kreekruggen. C’est là que se trouvaient les champs, les fermes et les routes. Les bassins tourbeux étaient utilisés comme prairies et pâturages. Le drainage était déjà en place pour éviter les nuisances des eaux intérieures. Afin de se protéger de l’eau les villages sont souvent situés sur les parties légèrement plus élevées du paysage. Les populations ont alors érigé des digues pour se protéger de l’eau . Parfois elles furent construites pour des raisons défensives contre les envahisseurs . Avec le temps les fermiers ont cherché à agrandir leurs terres en récupérant des espaces jadis occupés par l’eau : les polders étaient nés. Et chaque fois des digues simples ou de plusieurs formes ou parfois successives étaient érigées . Car les Pays-Bas constituent un pays densément peuplé , comme le Burundi et le Rwanda . Environ 17 millions de personnes sont réparties sur un territoire(41.850 km2) à peine plus grand que le Burundi(27.834 km2).




Photo : image d’une ligue intérieure dans le « Beveland Méridional » 


1953 et le Deltawet (loi sur le Delta) de 1958 

S’il y a deux dates à ne pas oublier dans l’histoire des Pays Bas : la première est la date anniversaire du Roi ( Koningsdag ou la Reine ( Konningindag ) le 27 avril  mais aussi l’année 1953 .

1953 . Que s’est il donc passé le 1er février 1953 ? 

Suite à des conditions climatiques exceptionnelles dans la nuit du 31 janvier 1953, une énorme vague d’environ 1000 km de long envahit la terre au large des Pays-Bas, ce qui provoqua une rupture de digues et , comme une tsunami , des quantités effroyables d’eau envahirent la terre . Bilan de la catastrophe :  en une seule nuit 1.836 personnes furent emportées par l’eau, 72.000 personnes évacuées, 47.000 têtes de bétail et 140.000 volailles noyées,150.000 ha de terre submergés par l’eau, 4.300  maisons et autres infrastructures détruites avec des dégâts estimés à  5,4 milliards d’euros soit environ plus de 7 fois le budget annuel de fonctionnement de l’Etat du Burundi en 2023.  

Vint alors la loi sur le delta de 1958 qui réglemente la prévention des inondations comme celle de 1953 en élevant les digues et en fermant les bras de mer.

L’histoire de la digue du nord ou Afsluitdijk  



L’Afsluitdijk est , après la Grande Muraille de Chine , la seconde infrastructure faite par l’homme à être observable depuis  l’espace . Long de 32 km le barrage relie les provinces de Hollande-Septentrionale et de Frise ( Friesland) en protégeant une partie importante des Pays-Bas contre des inondations venant de la mer.  Il fut justement construit pour éviter la catastrophe de 1953 . Plusieurs fois dans l’histoire des Pays-Bas et suite à certaines perturbations climatiques , plusieurs vagues d’eau sont parvenues à envahir les terres , ce fut le cas notamment en 1916 mais jamais elles n’avaient tué autant de personnes qu’en 1953. Il est apparu important d’éviter qu’une telle catastrophe se produise encore une fois et protéger les vies humaines . Mais les hollandais ont compris aussi une chose fondamentale , il faut parfois donner de l’espace à l’eau , ils ont fait leur un proverbe du Burundi consistant à dire « il faut accepter ce que l’on ne peut éviter » , « ntawuhambirira amazi mu rukangangaga » ( littéralement  il est impossible de confiner l’eau dans un enchevêtrement de plantes aquatiques) .

Aujourd’hui l’afsluitdijk peut être plus ou moins fermé ou ouvert selon le niveau de la marée tout en laissant passer les poissons. Il aurait couté environ 2 milliards d’euro au contribuable néerlandais. Je ne suis pas certain que l’histoire de la digue du nord peut aider le Burundi à gérer l’eau mais la politique de gestion de l’eau des Bataves peut certainement aider les Burundais à mettre en place une gestion des inondations de la rivière Rusizi ainsi que les accès de fureur du Lac Tanganyika. 

Une gouvernance de l’eau 

Les images d’inondation des quartiers de Bujumbura et Mutimbuzi ont de quoi faire peur. Il est à peu près certain que les inondations de la Rusizi continueront et il est sûr aussi que le Lac Tanganyika n’acceptera nullement de se taire enfermer dans ses berges sans broncher. Les politiques de demain se pensent aujourd’hui . Nos compatriotes politiciens doivent se convaincre que l’intelligence n’est pas une propriété des gens d’ailleurs, des américains, des Européens, des Japonais ou des Chinois , elle est comme l’eau , elle se puise là où elle est . Il n’est pas justifiable que les Africains continuent seulement à critiquer les Européens du fait de la colonisation sans vouloir copier ce qu’il y a de bon chez eux. Les Chinois ne critiquent pas les Japonais du fait de la colonisation , les Japonais tiennent leur prospérité dans le domaine automobile du fait qu’ils n’ont fait que copier la technologie automobile américaine de Ford ou General Motors déjà sous l’ère du Meiji au 19e siècle! Qu’est ce qui empêche les africains de le faire ? 

Et quand le changement climatique s’en mêle !

Les problèmes d'eau sont un condensé du paradoxe auquel est confronté le monde actuel : trop d'eau par moment, pas assez dans d’autres endroits , ainsi va le changement climatique. Et pourtant la planète Terre est,  à 70% environ,  constituée d’eau , il est donc impossible de penser qu’un jour l’eau va manquer sur terre, le problème de l’eau sur terre est sa mauvaise répartition par rapport aux populations à servir . Dans certaines localités proches des océans il y aura toujours l’eau, le problème de cette eau est qu’elle est salée et elle doit être désalinisée avant toute consommation humaine pour en faire une eau potable ou une eau propre à l’irrigation, l’Etat d’Israël le réalise déjà. Dans d’autres territoires l’eau manque cruellement c’est le cas des confins du Sahara où le désert progresse de plus en plus. C’est aussi certaines régions du Nord du Burundi comme à Kirundo, qui peuvent souffrir de sécheresse alors que le lac Cohoha est à la porte. C’est que la pénurie d’infrastructures de collecte et de stockage de l’eau n’arrange pas les choses et la plupart des pays africains sont incapables de réunir suffisamment de fonds pour mettre en place ces coûteuses infrastructures de traitement et filtration de l’eau. Ils s’en remettent à la « bonne volonté » des Européens capables de les financer. Mais ces derniers ont des contreparties parfois financières parfois morales ou les deux comme l’acceptation de l’homosexualité par exemple . Mais que voulez-vous ? Un proverbe anglais dit «  He who pays the piper calls the tune ( C’est celui qui paye le joueur de cornemuse , qui détermine aussi la musique à jouer) . Les Africains doivent comprendre une chose : pas d’indépendance politique s’ils continuent à mendier, c’est l’un ou l’autre . En luttant efficacement contre la corruption , en éradiquant jusqu’à la racine toutes les sources de conflit possibles, en éduquant et formant leurs peuples,  les leaders africains sont capables de tout faire! Mais il faudra pour cela une bonne gouvernance, une redistribution des richesses et une vraie politique de lutte contre la corruption  .



Image  : Des maisons submerges d’eau dans le quartier de Mushasha 1 

Source : https://www.iwacu-burundi.org/les-inondations-de-gatumba-ce-calvaire-qui-nen-finit-pas/

La maitrise de l’eau dans la plaine de la Rusizi ne peut pas se limiter à l’édification des digues autour de la rivière Rusizi , ni autour du Lac Tanganyika , elle doit être multiforme et intelligente et parfois savoir donner de l’espace à l’eau. C’est ce que les Pays-Bas,  en libérant certains polders et en laissant l’eau les envahir , en construisant des digues successives sur une certaine distance ( voir image dessous) ont appris sur leurs guerres avec l’eau et sur


         



   Source : Digue https://fr.wikipedia.org/wiki/Digue


Le paradoxe de l’eau : le changement climatique provoque la sécheresse malgré la montée du niveau des océans

L’activité industrielle humaine provoque entre autres la destruction de la couche d’ozone et le réchauffement de la planète . Ceci a comme conséquence la fonte de la calotte glaciaire et donc la montée du niveau général des océans . Ceci aura certainement comme  conséquence , pour les pays situés au niveau de la mer comme les Pays-Bas , des inondations. Par contre dans certaines autres zones, la sécheresse risque de faire ravage en raison d’une faible pluviométrie. Au fait l’eau ne disparaitra jamais de la planète, mais elle sera mal répartie, c’est le paradoxe de l’eau. L’autre changement climatique le plus important est la perturbation des climats, avec d’une part,  de fortes précipitations et dans certaines autres zones, des périodes de grande sécheresse dans d’autres. Même en acceptant que les orages ou certaines saisons comme la mousson peuvent amener , par endroit, de fortes pluiess, ils ne ne s’accompagnent pas forcément d’une infiltration d’eau et un remplissement des nappes phréatiques , les sols continueront donc de s’assécher.  Pour survivre l’homme est donc obligé d’être plus inventif, notamment en collectant suffisamment l’eau de pluie. 


A-t-on vraiment besoin d’argent pour avoir des idées ?

Je ne sais pas si je peux qualifier de paresse intellectuelle ou défaut intrinsèque chez les peuples africains, cette idée de penser de penser qu’il faut constamment quémander des aides aux pays occidentaux , aux chinois ou russes. Ma conviction est qu’on peut avoir des idées sans avoir être riche . Et d’où viendra donc l’argent pour mettre en pratique les idées ? 

Je ne pense pas que les africains soient obligés de prendre le même chemin vers le développement que celui emprunté par les Européens avec ses embûches et croc-en-jambe , je ne pense pas non plus que nous devrions commettre les mêmes erreurs qu’eux afin de trouver notre propre chemin. Je suis pas contre convaincu que nous avons la possibilité de nous inspirer de leurs expériences positives et les même copier , une rose reste une rose qu’elle vienne d’un champ d’un ennemi ou celui d’un ami,  plusieurs chemins pouvant « mener à Rome », la Rome du développement. 


  


Nous passons énormément de temps à critiquer ceux que nous n’aimons pas , et très peu de temps à copier les bonnes choses dont ils sont capables !



Image 1 : Récupération de l’eau de pluie et utilisation pour l’irrigation et les lieux d’aisance

Je suis , comme beaucoup parmi vous , une des personnes qui s’approvisionnaient en eau potable dans les sources au fond des vallées. Environ 60 ans plus tard , cela n’a pas changé dans plusieurs localités du Burundi . Par contre la pression de l’eau de source a diminué , encore une preuve que le changement climatique est en marche. Rien n’explique aujourd’hui pourquoi plusieurs familles continuent à utiliser l’eau potable des robinets pour l’irrigation des jardins, la lessive ou même les toilettes. 



Image 2 : Récupération de l’eau de pluie 


En attendant Godot

En utilisant de simples réservoirs en caoutchouc, en argile ou autre, chaque Burundais est capable de récupérer l’eau de pluie pour l’utiliser plus tard à des travaux ménagers au lieu de la laisser aller arroser les champs sauvages et forêts. De toute façon elle finira toujours par y arriver et alimenter les nappes phréatiques , mais au moins ici elle aura d’abord été utile pour beaucoup de vies humaines. Les populations n’ont pas besoin d’argent pour avoir ces idées novatrices et n’ont pas besoin d’aller quémander de l’argent dans des ONG en Europe, elles ont tout simplement besoin de s’adapter, réfléchir , inventer de nouvelles façons de vivre et répondre aux nouveaux défis . A mes compatriotes qui se trouvent partout dans le monde et en particulier dans les pays européens, ne pensez pas que toutes ces choses se feront automatiquement , comme par enchantement « en attendant Godot (i)» ! Il existe hélas une tradition de croyance aveugle des gouvernés envers les gouvernants « amategeko avuye hejuru » . Dans certaines régions cela s’est transformé en une sorte de « déification » de la classe politique , certains responsables cherchant à jouer sur deux tableaux  le pouvoir politique et le pouvoir spirituel . Tout ce dont je suis sûr est que si personne ne fait rien , rien ne se passera.